STUDIO ISE

Le travail de notre studio s’attache avant tout à l’appréhension d’un « déjà-là ». Il n’est plus question aujourd’hui d’explorer des territoires inconnus, mais bien plutôt de découvrir ceux que nous habitons déjà. Découvrir, c’est-à-dire débarrasser de ce qui couvre ou recouvre. Parfois il suffit simplement de décaler le point de vue pour regarder autrement un territoire, un lieu, un bâtiment, un usage ou la pièce d’un appartement.

Chacun des projets du studio est envisagé conceptuellement comme une réhabilitation. Il s’agit alors d’accepter et de travailler avec le temps, celui qui s’est écoulé un lieu, qui l’a défini et qui continue de le modeler. Le temps mesure l’adaptation d’un objet ou d’un sujet à son contexte, à son « environnement ». Ce qui persiste et prospère, ou ce qui passe et disparait.

La modernité s’est engagée corps et âme dans les questions d’espaces et d’usages, mais elle a oublié le temps. Ce temps qui n’est ni l’Histoire, ni la nostalgie ou les regrets, mais une dimension que le projet doit prendre en compte autant qu’il s’attache à la mesure des espaces ou à la justesse des usages. Accepter le temps long, le temps passé, qu’on croit disparu mais qui constitue le contexte physique et spirituel d’un projet, et le temps qui vient, celui du vieillissement et des changements à anticiper, celui des usages nouveaux et de la persistance.

Chaque lieu, qu’il s’agisse d’une parcelle en ville, d’un champ de betterave, d’un ancien corps de ferme ou d’un appartement plus ou moins ancien, chaque lieu porte en lui la somme de ses histoires, du temps qui a coulé sur lui, des manières dont on l’a parcouru, fréquenté, utilisé. Cette mythologie propre sera toujours le point de départ de notre travail, et son aboutissement. Réhabiliter, c’est alors retrouver le sens préexistant, les récits antérieurs, et y ancrer le projet nouveau.

 

Ces ambitions s’expriment dans des démarches de projet singulières :

  • Une attention aigue aux matériaux utilisés et à leur mise en œuvre. Au-delà de l’esthétique, il s’agit là de pérennité, de permanence. Le projet le plus écologique n’est pas celui qui présente la meilleure isolation ou les meilleurs équipements, mais celui que l’on n’aura pas besoin de reconstruire au bout de 10 ou 20 ans, celui qui accepte le temps qui passe, y prospère et s’accommode des changements d’usages. Cela est écrit dans la mise en œuvre et les matériaux que l’on utilise. C’est la condition de la résilience.
  • Un attachement farouche aux savoir-faire des artisans et des différents corps de métier qui fabriqueront le projet. L’architecte ne construit pas, il dessine et créé les conditions de réalisation d’un projet que d’autres réaliseront. C’est une des dimensions essentielles si l’on veut construire un projet durable qui traversera le temps, et acceptera tous les usages et toutes les évolutions qui se présenteront à lui. Et c’est aussi une des conditions de la transmission.
  • Une nécessaire transversalité dans les échelles de dessin du projet. Nous refusons toute hiérarchie entre l’aménagement public, la forme architecturale ou le design, et considérons le dessin d’un projet comme une affaire de cohérence, et pas une question de taille ou de fragmentation. Créer un cadre accueillant ou redéfinissant des usages peut se faire à l’échelle d’une ville, à celle d’une pièce ou à un meuble, sans discrimination.
Cet architecte n'a pas encore diffusé son book sur Architectes pour tous.