
Construire 7 maisons locatives sur une terre fertile à 400m d’une église classée du XIIème siècle nécessite un questionnement profond des modèles de pensée et de production du logement individuel social. Le projet, de taille modeste, prend place sur une commune du littoral atlantique, à la limite entre ville diffuse, terres agricoles et Océan. La silhouette urbaine est marquée par des séquences horizontales de maisons très basses, de murs de clôtures, et de toitures dont l’égout et le faîtage sont parallèles à la route, laissant entrevoir les ondulations des toitures en tuiles canal. Le projet marque une des entrées de la commune d’Esnandes, et constitue la figure de proue d’un lotissement suburbain, construit dans la continuité du village. Là où les maisons voisines proposent une surface moyenne de 90m2 pour 300m2 de terrain, le projet propose une densité légèrement supérieure. Ce saut oblige à convoquer une figure déjà présente dans le paysage : celle du hameau, qui présente l’avantage d’une forme hétérogène et continue, à la différence du modèle de la maison de ville ou faubourienne, basée sur la logique de répétitivité. Il favorise également une diversité typologique, tout en conservant une unité, une cohérence.
Les volumes du projet sont fins, entre 4 et 5 mètres d’épaisseur. Cette disposition permet d’avoir des pièces traversantes sur la rue et sur le jardin, tout en assurant l’intimité du foyer. Il est en outre impossible de voir le jardin du voisin grâce aux étages, qui protègent en même temps les patios des vents d’ouest. Les bâtiments assument un rapport fort au climat, avec des apports solaires conséquents en hiver, une luminosité naturelle élevée dans les logements jusque dans les salles d’eau, une ventilation naturelle renforcée, du fait de la tripe orientation, et une protection des patios des vents dominants et de la pluie. L’écologie du projet n’est pas bavarde ou ostentatoire, mais elle est présente, partout, dans un rapport au temps long de la situation habitante.
L’intérieur des logements s’organise autour de la cour, qui joue le rôle de pièce d’entrée de la maison à l’instar de la cour de ferme. En raison de la forme en L et de la faible épaisseur des logements, les surfaces de circulations sont réduites au minimum, libérant des surfaces plus grandes pour les pièces nobles, mais aussi pour les salles de bains. La géométrie des pièces bénéficie également du volume dégagé sous les rampants, sur les deux niveaux. Le logement ne se pense plus en mètres carrés, mais en mètres cubes.
Crédits photos : Antoine Espinasseau