
Cette maison est située sur le même terrain que la maison “longue vue” construite dix ans auparavant. Cette dernière a été rachetée pour être transformée en bureau et ses nouveaux acquéreurs nous ont confié la réalisation de leur habitation en contrebas.
Le site n’a pratiquement pas subi de modification, si ce n’est la construction d’une maison au Nord, et il se caractérise donc toujours pas son immersion dans la campagne et les terrains agricoles, en bordure du hameau de Grachaux. Nous avons donc repris la même thématique d’intégration paysagère, mais avec la volonté de créer un contraste fort entre la maison existante et le nouveau projet.
La maison “longue vue” s’élevait sur des pilotis pour saisir des vues lointaines et laissait filer le terrain naturel sous sa longue horizontale; elle était légère, bardée de bois, semblant presque flotter au dessus du sol. La nouvelle maison est au contraire trapue, partiellement enfouie sous le terrain, recouverte par la prairie et construite dans un béton brut dont la minéralité viendra renforcer ce caractère presque « tellurique ».
Ainsi, ses nouveaux occupants iront travailler dans les arbres mais habiteront une sorte de “terrier”.
Vue depuis le Nord, et la maison existante, l’importante construction ne sera que peu visible puisque dissimulée sous la prairie alors qu’elle s’achève au Sud par une terrasse en promontoire sur le paysage. L’espace intérieure des pièces principales est d’un seul tenant, traversant du Nord au Sud et éclairé au centre, au droit de la cheminée, par un lanterneau qui capte l’ensoleillement de l’Est et de l’Ouest.
Les matériaux employés en façades et à l’intérieur sont exclusivement le béton brut et le bois, l’isolant étant positionné entre deux murs en béton coulés par hauteur d’environ 40 cm. Ce mode de coulage du béton par strate, (inspiré de la chapelle réalisée par Peter Zumthor à Wachendorf en Allemagne), imprime sur toutes les parois la trace du travail quotidien des ouvriers et la tectonique primitive du mode constructif.